Le groupe difficile


Gabriel Gaudreault
Enseignant en formation professionnelle
https://leblogueduprof.com
Tous les enseignants de ce monde finissent par le rencontrer et le redouter; le groupe difficile. Vous savez bien, ce groupe qui arrive à remettre en doute nos compétences de bon enseignant. Ce groupe qui met notre motivation à rude épreuve tous les matins avant d’aller travailler. Celui qui nous force à chercher des éléments positifs auxquels se raccrocher pour éviter de se mettre en boule dans un coin et pleurer.
Ça reste des étudiants… des élèves… Ne pensez pas que je les dégrade en disant cela, au contraire; je les accueille. Parce que non, ils ne m’écoutent pas, non, ils ne respectent pas la plupart des règles établies en classe, mais ils restent mes étudiants et je les aime, sans jugement… Derrière leur petite carapace de rebelle répressif, il y a souvent un individu qui souhaite seulement se faire une petite place dans l’univers. Je ne m’avancerais certainement pas à dire que de venir à bout de cette foutue carapace est chose simple. C’est qu’ils tentent tant bien que mal de se défendre, ces étudiants rebellés. Ne perce pas la coquille qui le veut bien…
Ah bien sûr, je pourrais vous servir une belle salade fraîche en vous donnant une recette miracle pour arriver à cerner l’étudiant le plus farouche qui soit, mais vous l’aurez deviné, je n’en ferai rien. Le problème, c’est qu’ils sont humains ! Il n’y en a pas un pareil. Ils sont tous uniques. Toutefois, je peux peut-être vous donner une ligne directrice que tous les humains partagent : l’émotion.
Si vous trouvez le moyen de déclencher ou de susciter une émotion chez une personne, vous trouverez également le chemin pour passer outre sa façade. Il peut s’agir de colère, de tristesse ou même de joie intense, mais lorsque vous faites émerger une émotion de quelqu’un, vos messages et vos interventions se rendront bien plus loin qu’à l’habitude. Évidemment, il y a une question de dosage, et là se trouve toute la magie de la chose. S’il y a perte de contrôle émotionnelle, impossible d’envoyer un message, le cerveau doit être minimalement disponible et non pas accaparé par un trop-plein émotionnel.
Lorsqu’un étudiant se fâche, par exemple, c’est parce qu’il sent que l’une de ses valeurs n’est pas respectée, vous venez donc de mettre la main sur l’une des valeurs que la personne, derrière la carapace, chérit beaucoup. Vous avez donc une poignée supplémentaire pour tenter d’amener cet individu à réaliser une tâche dans un avenir rapproché.
Peu importe les difficultés auxquelles vous faites face dans votre salle de classe, n’abandonnez surtout pas, c’est trop facile. C’est trop facile de se lasser et de se dire « Qu’ils fassent donc ce qu’ils veulent », c’est trop facile devenir un enseignant qui s’assoit en avant de sa classe et qui attend sa paie. Gardez la foi et continuez d’essayer de trouver un chemin vers l’individu derrière la façade.
Rappelez-vous pourquoi vous avez choisi de devenir un enseignant. Il n’y a pas que la théorie pure et dure à transmettre, il y a aussi la persévérance, l’empathie, la compassion…
Le prof.
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