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Les soucis

Image par Heike Frohnhoff de Pixabay

Lysiane Dallaire Espaceprof

Lysiane Dallaire

Enseignante au primaire


Souci : Portant mal son nom, le souci est une plante à la couleur fort gaie qui, bien loin d’attirer les problèmes, repousse les parasites au potager et soulage les petits problèmes de santé. –https://www.aujardin.info/plantes/souci.php

J’avais lu un article au début de ma carrière: “Find Your Marigold”. Il m’avait beaucoup parlé et il me semble encore plus adéquat en ce moment. Il parle de trouver les “plants de soucis” (marigold), cette plante amie du jardinier, dans notre entourage scolaire. Cet article mentionne aussi les “noyers” (walnut tree) comme étant ces collègues dont la présence alourdit notre façon de percevoir la situation. 

Que je sois ou non d’accord avec la réouverture des écoles a peu d’importance. Je suis jeune, j’habite seule, je suis en santé, je vais me plier aux demandes. Ensuite, il reste à savoir comment gérer l’incertitude, planifier l’imprévisible puisque le retour à l’école semble bel et bien inévitable. Ce que je vais mentionner dans les prochaines lignes ne vous empêche pas de partager vos inquiétudes avec vos patrons, vos représentants syndicaux ou vos élus. Je ne prétends pas que la situation sera miraculeusement plus facile en appliquant 3 ou 4 principes. J’espère simplement que la situation, aussi imprévisible soit-elle, sera un peu moins difficile à vivre, un peu moins anxiogène aussi. 

La première chose qui me semble incontournable, c’est qu’il faudrait travailler en équipe encore davantage. Je pense me fier sur les capacités et les compétences des membres de l’équipe-école et regarder ce que je peux y apporter. Il faudra probablement être créatifs. Devant le manque de solutions, il faudra en trouver. Comme vous, j’aurais aimé en avoir davantage de la part des décideurs que ce que j’ai en ce moment, croyez-moi! Je compte m’associer à des collègues et réfléchir avec eux. Il y a cependant un risque à s’associer avec une personne qui serait un “walnut tree”, un noyer. 

En ce moment, les noyers ne sont pas nécessairement les mêmes qu’à l’habitude. Les circonstances exceptionnelles sont vécues par tous de façon différente et il est difficile de digérer tous ces changements. Moi-même, dans les dernières semaines, j’ai été un “noyer” plus souvent qu’à mon tour en sentant l’anxiété, la peur de l’inconnu me gagner. Une chance que j’ai autour de moi quelques “marigold”, quelques “plants de soucis”, pour m’aider à passer au travers de ces vagues de sentiments mélangés.  

Lorsque je suis confrontée à un “noyer”, je mesure ma capacité à absorber du négatif. Si je n’ai pas l’âme d’un “plant de souci” cette journée-là,  alors je pense à me retirer gentiment de la conversation qui m’apporte davantage d’anxiété que de solutions.Il faudra peut-être apprendre à repérer l’anxiété d’un collègue, la comprendre et supporter ce collègue, si possible. Si on est soi-même assez solide à ce moment-là, on pourra le soutenir et être son “plant de soucis”. Dans le cas contraire, il faudra penser à dire quelque chose comme “Je te sens vraiment anxieux en ce moment, il est vrai que la situation est difficile” et la diriger vers une autre personne, une autre ressource et se retirer pour chercher des solutions ailleurs. 

Je commence déjà à penser à trouver dans l’école les collègues et les membres du personnel qui sont des “fleurs de soucis” et qui auront des paroles apaisantes pour moi. 

Du travail à faire, il y en aura. J’essaierai de faire pour le mieux dans la situation. À l’impossible, nul n’est tenu. Cependant, certaines situations devront vraisemblablement être adressées à nos dirigeants. Pour le reste, en mettant en commun l’esprit positif, en partageant nos questions pour trouver des solutions constructives, il y aura peut-être moyen de transformer ce tourbillon de nouveauté, d’incertitude et d’anxiété en vent d’entraide et de bienveillance. 

La situation ne pourra pas être contrôlée, planifiée et organisée en entier. Elle ne pourra pas non plus combler tous nos questionnements (c’est un des gros deuils que je suis en train de faire!). Par contre, la présence de ces fleurs de soucis autour de nous pourrait nous aider à vivre cette situation inusitée un peu moins difficilement. 

Mon côté sceptique a, en ce moment, un peu de difficulté à voir le positif de la situation, mais certains collègues autour de moi (certainement des plants de soucis) semblent penser qu’un peu de positif sortira de la situation. Que cet effort de créativité aura quelques retombées positives sur notre façon d’enseigner dans les prochaines années. Au travers de cette tornade de changements difficiles à avaler, il y aura peut-être un arc-en-ciel ou deux. 

Entre temps, je compte sortir jardiner, ça ne me semble pas une trop mauvaise idée. J’irai peut-être même jusqu’à m’acheter quelques plants de soucis pour le jardin. 

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