Que du négatif, l’école virtuelle ?


Fondatrice et collaboratrice
Conseillère pédagogique au primaire et au secondaire
Personne n’aurait pu prévoir que nous allions tous goûter à l’enseignement virtuel avant l’arrivée de ce satané virus. Lorsqu’au printemps 2020, nos écoles ont basculé en virtuel, nous n’étions pas prêts. Certains utilisaient la technologie, certes, mais enseigner en virtuel n’est pas quelque chose qui avait été testé, essayé, peaufiné.
Pour plusieurs enfants et enseignants, l’école virtuelle est la réalité à 100 % depuis le printemps passé. Je jasais dernièrement avec deux enseignantes qui relèvent ce défi et elles me disaient à quel point c’était pesant d’entendre toujours parler que du côté négatif de cette pédagogie. On pourrait débattre sur son efficacité, ce que les données probantes en disent… je préfère aujourd’hui vous jaser des aspects positifs vécus par les êtres humains derrière les écrans.
Bien sûr, il y a une grande différence entre l’enseignant et ses élèves qui basculent en virtuel du jour au lendemain et ceux et celles qui sont en classe virtuelle depuis le tout début de l’année. Ces enseignants et ces élèves ont établi des routines, ont tissé des liens. Ils ont vécu les mêmes frustrations que la classe qui bascule au tout début : des connexions internet inefficaces, des appareils désuets ou insuffisants, une connaissance de base de certains outils et bien plus. Mais avec le temps, ces pépins se sont dissipés, on a trouvé des solutions… tout le monde est devenu plus à l’aise.
Les différents enseignants de l’école virtuelle à qui j’ai eu la chance de parler me disent que plusieurs élèves demandent présentement, avec un peu d’anxiété, si cette école virtuelle leur sera offerte à nouveau l’an prochain. Plusieurs ont expliqué avoir apprécié cette façon d’apprendre. Des élèves ont souligné la baisse de leur anxiété en classe, ont apprécié pouvoir poser une question plus discrètement afin d’être soutenus dans leur apprentissage… plutôt que d’éviter de poser leurs questions devant la classe, car on est « trop gêné » ou anxieux de l’opinion des autres. Pour plusieurs, l’intimidation qu’ils vivaient à l’école a diminué (voire disparu) et certains élèves pris avec des problèmes de santé ont eu la chance de faire partie d’un groupe et d’échanger avec des collègues de classe plutôt que de se voir offrir les services de tuteur privé ou d’apprendre par eux-mêmes pendant leur traitement ou leur isolement préventif. Plusieurs ont aussi mentionné apprécier avoir moins de temps de transport pour se rendre à l’école. Certains ont récupéré jusqu’à 2h par jour, du temps qui leur permet de développer leur passion ou d’étudier calmement chez eux plutôt que d’attendre leur arrêt dans un autobus scolaire.
Apprendre qu’on doit basculer à distance dans les prochaines 24 h et devoir disons « faire avec » est loin d’être optimal. Mais ces écoles virtuelles créées un peu partout au Québec et ailleurs dans le monde ne sont pas que négatives et pourraient être des solutions dans le cas de certains élèves. Nous avons déjà des programmes de sports études, d’arts-études, et même de e-sports… pourquoi pas des «virtuelles-études» si ça peut répondre à un besoin et offrir une école bienveillante à certains élèves?