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Comment allez-vous madame?
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Enseignante au secondaire
Avant, quand un élève me posait la question, je répondais toujours: bien, merci! J’imagine que c’est l’habitude que l’on prend à se dire « salut ça va » – « oui, toi » – « oui, merci » de manière presque machinale, parfois même sans émotion.
Depuis quatre ans environ, j’ai fait le choix de dire la vérité, souvent avec humour. Voici des exemples de ce que je peux répondre à l’élève:
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Alexandra Coutlée, Développement professionnel continu, Enseignant connecté, Espaceprof, Formation, Pédagogie
Du développement professionnel avec TikTok ?
Image par antonbe de Pixabay
Alexandra CoutléeFondatrice et collaboratrice
Conseillère pédagogique au primaire et au secondaire
Je me suis lancée bien tardivement dans cette nouvelle plateforme. Bien sûr, j’avais créé un compte, regardé ce que c’était… Après tout, je suis maman et mes enfants y étaient. Je devais donc m’y intéresser un peu pour pouvoir en discuter avec eux. Mais les défis de danse et les vidéos de chats que j’y ai vus n’ont pas capté mon attention bien plus longtemps et je suis vite retournée à mes autres réseaux sociaux chouchous. Après tout, je trouvais bien des échanges et astuces pédagogiques intéressants sur Twitter et sur mes différents groupes Facebook.
Depuis quelque temps, par contre, je renoue avec cette plateforme. Il faut dire que la pandémie m’a laissé un peu plus de temps… pour perdre mon temps sur mon téléphone. Je suis étonnée d’y voir des vidéos qui m’aident au quotidien dans mon développement professionnel. Bon, j’avoue qu’il y a encore plusieurs vidéos de chats et bien des blagues entre mes vidéos plus « éducatives », disons, mais après tout, il faut bien décrocher aussi de temps à autre.
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Cher élève
Enseignante au primaire et au secondaire
Cher élève,
Aujourd’hui, c’est la rentrée, et j’avais tellement de choses à te dire ! Je pensais à mon coco pour qui passer la journée assis sur une chaise est tellement un défi de taille ! Je pensais à mon coco qui a toujours plein de choses à dire et pour qui lever la main avant de parler est un vrai supplice ! Sache que je vous comprends tellement ! Moi aussi, quand j’étais petite, on me réprimandait souvent parce que je déplaçais de l’air ! Je te promets de te faire des petits rappels avec douceur ! Je sais que ce n’est pas pour mal faire, mon cœur. C’est plus fort que toi !
Je pensais à ma cocotte qui a mal dormi la nuit dernière parce qu’elle fait tellement d’anxiété… ce mal du siècle ! Sache que moi aussi, j’en fais ! Je te comprends. Je te promets d’être compréhensive lorsque tu seras dans la lune.
Je pensais aussi à toi, ma cocotte, qui as tellement de pression à la maison avec les résultats scolaires. Tu es tellement brillante ! J’ai envie de te dire combien tu m’impressionnes et que je suis fière de toi ! Sache que tu vaux tellement plus qu’une note sur un bout de papier ! Tu es tellement plus que ça ! J’ai envie de te dire que, dans la vie, on a le droit de se tromper, de faire des erreurs … ce n’est pas grave ! L’important, c’est d’apprendre et de se relever.
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Madame Gabrielle
Image par tookapic de Pixabay
Gabrielle Levesque
Enseignante au secondaire
Je m’appelle Gabrielle. On m’appelle madame Gabrielle, madame Levesque ou parfois rien que madame. On me tutoie et d’autres fois on me vouvoie. Mes élèves me disent souvent bonjour quand ils entrent dans ma classe, alors que d’autres fois, ils passent devant moi sans me saluer. On ne me demande pas souvent comment je vais, mais je suis toujours la première à vouloir savoir comment tous vont. C’est important pour moi.
J’aurais pu être secrétaire parce que je prends des notes tout le temps. Il y a des papillons autocollants partout sur mon bureau et dans mon agenda. Les notes et les rappels, je sais les gérer. J’aurais pu être juge dans une grande cour parce qu’il m’arrive de gérer des conflits lors des travaux d’équipe ou même des chicanes entre amis. J’aurais pu être médecin aussi parce que mes élèves ont tout le temps mille et un bobos que je tente de soigner, à coup de pansements, comme je le peux. Il y a les bobos du cœur aussi, les premières peines adolescentes que j’arrive à gérer telle qu’une psychologue le ferait. J’aurais pu faire toutes ces professions parce que je passe ma journée à exercer un peu chacune d’entre elles. J’en passe même.
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Une histoire d’amour propre
Ça m’a toujours fait sourire d’entendre mes collègues enseignants parler de discipline. Avouez-le, lorsqu’on entend ce mot, « discipline », on pense immédiatement aux pires scénarios imaginables. On s’imagine devoir gérer un élève complètement hors de contrôle ou en train de devoir s’expliquer avec des parents au sujet d’une crise quelconque. Pourtant, la discipline n’a jamais été synonyme de processus négatif. En fait, en ce qui me concerne, je préfère dire que j’enseigne la discipline et non pas que je fais « de la discipline » en classe.
Peut-être trouverez-vous la nuance très subtile, mais à mes yeux, celle-ci est flagrante. J’aime beaucoup mieux percevoir la discipline comme un état d’esprit qui s’enseigne que comme une série d’actions punitives ou conséquentes. Une fois acquise par l’élève, la discipline se transforme en autodiscipline, et quelqu’un d’autodiscipliné est forcément quelqu’un qui s’aime suffisamment pour se mettre en branle, pour se mettre en action. L’autodiscipline est quelque chose que je prône beaucoup. Elle nécessite une force de caractère, une autonomie bien développée et un amour propre. J’essaie, autant que possible, d’apprendre à mes élèves à s’aimer suffisamment pour faire des choix qui représentent un investissement en leur propre personne, investissement qui leur rapportera un respect envers eux-mêmes à long terme.
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Portraits d’enseignants: Mylène Bélanger
Image parAlexandra_Koch de Pixabay Mylène Bélanger a gentiment accepté de répondre à nos questions et d’être notre premier portrait d’enseignant Espaceprof. Mylène enseigne la musique au primaire depuis plusieurs années. Elle a fait des études en éducation musicale et en interprétation à l’Université Laval. Elle enseigne la musique depuis plus de 14 ans et a travaillé dans divers milieux, autant au secondaire qu’au primaire. Elle a aussi enseigné en adaptation scolaire, en classe de comportement, en classe TSA et en classe de déficience intellectuelle. Depuis 2008, Mylène enseigne la musique à la Commission scolaire des Découvreurs et œuvre dans une école défavorisée auprès d’élèves ayant des besoins particuliers ainsi que d’élèves immigrants en francisation Elle a développé au fil des années des outils et des méthodes pour rendre son enseignement plus accessible à sa clientèle.
Mylène collabore avec plusieurs chercheurs afin de baser sa pratique sur des fondements scientifiques. Elle est très impliquée dans son propre développement professionnel, mais aussi celui des enseignants. Elle a d’ailleurs développé une formation en ligne sur la gestion de classe avec Cadre 21 (formations qui sont gratuites pour les enseignants, à explorer!). Elle administre également un groupe Facebook Enseigner la musique autrement et un autre groupe Gestion de classe: Pratiques gagnantes. Elle est aussi la cofondatrice de Hors Stand’Art qui a pour mission d’offrir des formations et du matériel spécialisé pour répondre aux besoins particuliers des enseignants de musique qui enseignent aux élèves présentant des besoins particuliers.
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Chers enseignants qui ont changé ma vie!
Chers enseignants qui ont changé ma vie! Si vous saviez à quel point vous faites partie de ma réussite professionnelle. Si vous saviez à quel point vous avez fait une immense différence dans ma vie. Chacun de vous, à votre façon, vous avez fait toute la différence.
J’ai perdu mon papa à l’âge de 14 ans, j’étais en 2e secondaire, on revenait du congé de Noël, et je voulais mourir tellement j’avais mal … Et tu as vu la douleur que je ressentais, tu as vu que je n’allais vraiment pas bien … Tout mon monde venait de s’écrouler et toi, tu as fait toute la différence …. Tu m’as dit, dans mon mot de fin d’année, que tu t’assurais toujours du coin de l’oeil que j’allais bien … si tu savais comment tu m’as sauvé la vie. Merci Monsieur Labrèche.
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Climat de classe, Enseignement positif, Espaceprof, Gestion de classe, Nadia Bélanger, relation d'aide
Faisons tomber les étiquettes
Nadia Bélanger
Enseignante au secondaire
Dès la première rencontre de niveau, les premières étiquettes sont données aux élèves: « bavard », « trop d’attitude », « paresseuse ».
Dès la première semaine, les nouveaux enseignants ne sont pas épargnés, étiquetés rapidement: « va être bon », « veut se faire aimer » , « prend beaucoup de place ». On ne tarde pas non plus à leur faire part des étiquettes des anciens: « les élèves l’adorent », « a l’air bête ».
Il y a des étiquettes qui sont utiles pour l’enseignant(e), car elles permettent d’éviter des situations embarrassantes ou des réactions inadéquates envers certains élèves ou des collègues qui ont des problématiques particulières.
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L’impact d’un-e enseignant-e
Alexandra Coutlée
Conseillère pédagogique au primaire et au secondaire, fondatrice d’Espaceprof
Chaque année, des dizaines, voire des centaines d’élèves peuvent passer dans nos classes. Parfois, on a de leurs nouvelles, on reçoit un petit mot gentil qui nous parle de l’impact qu’on a eu dans leur vie. Parfois, c’est à leur collation des grades ou à leur bal de finissants qu’ils nous partagent que le petit moment que nous avions passé à essuyer leurs larmes lors d’une rupture amoureuse ou le moment où nous avons écouté les problématiques qu’ils vivent à la maison les ont beaucoup aidés et qu’ils nous remercient. La majorité du temps, par contre, on ne sait pas vraiment officiellement si on a eu un impact. On voit, bien sûr, l’impact qu’on a eu lors des résultats scolaires des examens ministériels, mais ce n’est pas un impact si clair. Mais être enseignant, tout le monde le sait (du moins je l’espère), c’est bien plus que de transmettre des notions d’anglais, de français, de mathématiques, de science ou encore d’arts. Et on a tous un ou une enseignante qui nous a marqué.
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Cloé Jannelle, Enseignement positif, Espaceprof, Gestion du temps, Nouveaux enseignants, Santé mentale, Santé Physique
Être bien avec soi, avec sa profession
Cloé Janelle
Enseignante en adaptation scolaire
Il s’agit de ma deuxième année comme titulaire de classe et j’en suis très heureuse! Pour l’instant, j’ai trouvé un équilibre entre le travail et la vie personnelle.
Mon truc : prendre le temps de faire les choses, c’est-à-dire prendre le temps d’aller à la salle de bain pendant la journée, de ranger mon bureau, d’aller discuter avec une collègue, d’aller porter ma tasse de café dans la salle des profs, de retrouver mes factures perdues, etc.
Ainsi, lorsque je rentre de l’école, j’ai passé une meilleure journée et je me sens bien avec mon emploi, ma profession. Même qu’en soir de semaine, je fais des activités avec mon copain; je me sens presque la fin de semaine!
Je réalise à quel point je ne prenais pas soin de mon bien-être l’année scolaire dernière et que cela avait un impact sur mon humeur, donc sur les élèves et sur ma vie personnelle. Je me sens bien, je me sens heureuse.
Bon début d’année, chers collègues enseignants!